Dans le cadre des 24 heures du livre, Les pieds sur terre sur France Culture consacrent donc un épisode sur l'hégémonie rampante du fleuve Amazon. Amazon, c'est le plus grand fleuve du Monde. A part le Nil, mais il y a débat. Et comme il coule sur le continent américain, c'est le plus grand quand même. Amazon, c'est également un des A de l'acronyme GAFA.
A l'heure où l'Assemblée nationale planche sur une loi pour contrer la suprématie du géant américain et venir au secours des libraires indépendants, Les Pieds sur terre mènent l'enquête. D'une petite librairie de Châteaudun jusqu'aux salariés de la plate-forme de Saran (Loiret), des éditeurs aux lecteurs : comment le logarithme de Jeff Bezos (le créateur d'Amazon) aura bientôt la peau des libraires traditionnels.
On pourra ironiser sur le catalogue Amazon, du livre à divers produits culturels comme l'épluche-patate, la tourniquette à faire la vinaigrette, l'atomixer, ou le pistolet à gaufres. Rappelons-nous que Jo-le-bouquinistene se prive pas de vendre des rustines :
Oui, oui, officiellement, oui... mais bon c'est pas ici : je fais mon chiffre d'affaire à part... je vends des trucs que j'ai chez moi... des trucs comme ça... ou des clients qui me demandent des trucs spéciaux... et ainsi de suite, voilà [...] Moi je m'intéresse qu'aux passionnés, hein, les autres ils m'emmerdent ! Je m'occupe des passionnés à qui je vends des photos, n'importe quoi, des timbres, des vieilles rustines de vélo...
- Mais alors là c'est plus du livre ?
- Mes collègues ils vendent que des livres : pas de bol, au bout de trente ans, les livres ils les ont tous ! [...]
Ailleurs, un libraire d'occasion a mis son catalogue en ligne également sur le grand A., et de trouver que l'opération est plutôt positive. Et ça peut donner des libraires de stockage, qui n'ont plus besoin, le bonheur ! de voir un client.Elle est bien loin, cette séquence d'Un mauvais fils (Comment ça se passait voici encore peu, depuis deux cents ans…), avec Brigitte Fossey, Jacques Dufilho et Patrick Dewaere, du temps jadis.
Et dans les méandres d'étagères des entrepôts du A. marguscule, on peut circuler en douce, comme Jean-Baptiste Malet, qui en relate l'expérience dans En Amazonie, Infiltré dans le « meilleur des mondes ».
Alors ? On attend que le marché inonde le petit monde du livre à grands coups de requêtes et de livraison en 48 heures chrono, ou on s'agite les petites pattes à aller chiner dans les entrelacs des libraires de quartier, au risque de découvrir un joyau de sérendipité taillé par le libraire ? Parce que sinon, avoir la chance de se faire re-commander les mêmes romans-fleuves que tous ceux qui l'ont péché à la même ligne, sans l'avoir lu, juste parce que "les autres lecteurs ont massivement aimé ce livre-là aussi", hein, bon, on sait ce que c'est.
Alors ? On attend que le marché inonde le petit monde du livre à grands coups de requêtes et de livraison en 48 heures chrono, ou on s'agite les petites pattes à aller chiner dans les entrelacs des libraires de quartier, au risque de découvrir un joyau de sérendipité taillé par le libraire ? Parce que sinon, avoir la chance de se faire re-commander les mêmes romans-fleuves que tous ceux qui l'ont péché à la même ligne, sans l'avoir lu, juste parce que "les autres lecteurs ont massivement aimé ce livre-là aussi", hein, bon, on sait ce que c'est.
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